Tuesday 13 May 2014

CICLESME

Tour de France
Description de l'image  Tour de France logo.svg.
Généralités
Sport Cyclisme sur route
Création 1903
Organisateur(s) ASO
Éditions 100 (en 2013)
Catégorie UCI World Tour
Type / Format grand tour
Périodicité annuelle (juillet)
Lieu France et pays avoisinants
Participants 198 (2013)
Statut des participants Professionnels
Directeur Christian Prudhomme
Site web officiel
Palmarès
Tenant du titre Drapeau : Royaume-Uni Christopher Froome (2013)
Plus titré(s) Drapeau : France Jacques Anquetil
Drapeau : Belgique Eddy Merckx
Drapeau : France Bernard Hinault
Drapeau : Espagne Miguel Indurain
(5 victoires)
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pour la dernière compétition voir :
Tour de France 2013
Le Tour de France est une compétition cycliste par étapes créée en 1903 par Henri Desgrange et Géo Lefèvre, chef de la rubrique cyclisme du journal L'Auto. Il se déroule chaque année en France, au mois de juillet.
Il se tient actuellement sur plus de 3 000 kilomètres et est organisé par ASO (Groupe Amaury). « Le Tour » ou encore « la Grande Boucle », tel qu'on le nomme aussi en France, est considéré comme l'épreuve cycliste la plus prestigieuse au monde.

Histoire

Article détaillé : Histoire du Tour de France.

Création et histoire du Tour de France

Henri Desgrange en 1914
À la fin du XIXe siècle, en France, il n'existe qu'un quotidien sportif, Le Vélo. Son rédacteur en chef, Pierre Giffard1, intervenant dans ses colonnes pour soutenir Dreyfus, déplaît aux industriels du cycle et de l'automobile (pour la plupart antidreyfusards). Or, ceux-ci financent son journal par la publicité. En 1900, par leur représentant, le comte de Dion, ils choisissent Henri Desgrange pour créer un journal concurrent, L'Auto-Vélo. Alors que Le Vélo est publié sur papier vert, Desgrange fait éditer son quotidien sur papier jaune (quelques années plus tard, c'est cette couleur qui donnera naissance au maillot jaune)2. Or le titre choisi porte le terme Vélo. Le directeur du Vélo, Paul Rousseau, intente un procès. Le , de Dion le perd et se trouve contraint de renommer L'Auto-Vélo en L'Auto. Comme le cyclisme est alors important en termes économiques et sportifs, cette perte d'appellation pourrait affecter les ventes du journal2. Desgrange doit trouver une riposte. Il s'avère que son collaborateur, le journaliste Géo Lefèvre, lui a proposé d'organiser une course cycliste susceptible d'augmenter son lectorat : le Tour de la France. Le , L’Auto annonce la création de « la plus grande épreuve cycliste jamais organisée » : le Tour de France2.
La course étant lancée en juillet, les ventes de L'Auto s'accroissent au détriment de celles du Vélo. Celui-ci cesse sa publication l'année suivante2.

De 1903 à la Première Guerre mondiale

Le premier Tour de France part de Montgeron (en Essonne) et se termine à Paris. Il fait étape dans les grandes villes (Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes) et emprunte les principales routes. Le public, estimé de 200 à 500 000 personnes, est faiblement présent sur l'ensemble du parcours. Le Tour est toutefois un succès à Paris, où l'on se presse à Ville-d'Avray et au parc des Princes pour accueillir les premiers héros du Tour, dont le vainqueur Maurice Garin. Les journaux battent des records de ventes. Le Tour de France suscite un véritable engouement dans les milieux sportifs, qui suivent la compétition au quotidien grâce à la presse et en discutent3.
L'année suivante, le Tour est victime de son succès. Les actes de chauvinisme local déjà constatés en 1903 sont amplifiés : des cyclistes sont agressés, des lettres dénonçant des tricheries envoyées à la direction, des clous semés sur la chaussée. Le public va à l'encontre de l'idéal d'unité nationale véhiculé par le Tour et soutient ses coureurs régionaux. Grâce au Tour, Paris annexe la France à cette époque. La course part de Paris, s'y termine et la majorité des coureurs en sont originaires, et le Tour diffuse dans les provinces françaises les valeurs parisiennes4. Un dernier « incident » intervient plusieurs mois après l'arrivée : l'Union vélocipédique de France décide en novembre de déclasser les quatre premiers, accusés de diverses infractions au règlement de course (ravitaillements et entraînements irréguliers). Le jeune Henri Cornet est déclaré vainqueur. Cette décision est probablement due à la rivalité de l'Auto et de l'UVF, cette dernière jalousant le succès du Tour.
Après avoir un temps envisagé de renoncer à organiser une nouvelle édition5, Desgrange apporte en 1905 des modifications au déroulement et à l'organisation de la course afin d'éviter les irrégularités constatées l'année précédente. Les étapes sont plus courtes, de sorte que les coureurs ne roulent plus la nuit, et évitent les centres-villes. Le classement général au temps est remplacé par un classement par points. C'est également à partir de cette année qu'à l'initiative d'Alphonse Steinès, un collaborateur de Desgrange, le Tour se rapproche de ses frontières, jusqu'à former un « chemin de ronde », un « encerclement processionnel du pays qui manifeste ostentatoirement les valeurs de la France moderne et industrielle, le dynamisme et la santé éclatante de la jeunesse »6. Le parcours s'allonge par conséquent : il passe progressivement de 2 500 km en 1904 à 5 300 km en 1911, année à partir de laquelle il se stabilise et longe au maximum les frontières naturelles et politiques de la France.
Une attention particulière est portée à l'Alsace-Lorraine, annexée par l'Empire allemand en 1871. En 1905, le Tour escalade le Ballon d'Alsace puis, de 1907 à 1910, fait étape à Metz, avec l'assentiment des autorités allemandes et en collaboration avec des associations patriotiques. Ces escales sont l'occasion pour la population locale d'exprimer son sentiment français. Inquiet des manifestations de patriotisme auxquelles ces étapes donnent lieu, et dans un contexte de dégradation des relations franco-allemandes, Guillaume II empêche l'incursion du Tour en territoire allemand à partir de 1911. Ainsi le Tour ne promeut plus seulement les valeurs de l'effort physique, de l'énergie, du courage et du progrès technique. Il délimite le territoire français, rappelle les prétentions françaises sur l'Alsace-Lorraine et passe ainsi dans « l'arsenal de la revanche »7. Cette tendance s'accentue à partir de 1912 dans les pages de l'Auto, où les articles de Desgrange se font plus offensifs et décrivent le Tour comme une « croisade de la régénération physique en France »8.
Octave Lapize pendant le Tour de France 1910
En s'étendant aux frontières, le Tour prend aussi de l'altitude. La montagne est présente dès la première édition du Tour, avec deux cols du Massif central. Après un passage réussi dans les contreforts des Alpes 1905, le col de Porte est franchi en 1907. Alors que Desgrange pense avoir atteint les limites de l'effort humain avec cette difficulté, Steinès le convainc de répondre à l'appétit du public et de passer par les Pyrénées. Ainsi en 1910, à titre d'essai, le Portet-d'Aspet puis les cols de Peyresourde, Aspin, Tourmalet et Aubisque sont franchis. Ces quatre cols sont au programme d'une étape remportée par le vainqueur final Octave Lapize, qui qualifie à cette occasion les organisateurs de « criminels »Note 1. Cette étape marque le début de la recherche de démesure du Tour de France. Le remplacement en 1911 du col de Porte par le Galibier, qui marque les esprits du public et des organisateurs, achève sa conquête de la haute montagne9.
La popularité du Tour s'accroît rapidement durant cette période. Malgré une présence modeste du public, faible aux départs d'étape et sur la route, plus nombreux aux arrivées et aux contrôles, le Tour devient une « grande fête populaire du cycle et des frontières »10. Trois types de publics peuvent être distingués à cette époque : un public sportif, composé d'une part d'aristocrates et de bourgeois mécanisés qui suivent une partie de la course et d'autre part de passionnés présents au bord de la route, et le public populaire pour lequel le passage du Tour est l'occasion d'une fête estivale11. La course devient en effet « prétexte à un prolongement des fêtes du 14 juillet » et « un bon mobile pour célébrer les valeurs républicaines ». À ce titre, l'État soutient l'organisation du Tour. Ainsi une circulaire ministérielle de 1912, qui reste en vigueur jusqu'aux années 1950, enjoint les maires de ne pas entraver l'organisation des courses cyclistes qui « sont une mise en valeur de la jeunesse française, pour le plus grand profit de l'Armée et du Pays »12.
Dès les premières éditions, les exploits des coureurs du Tour de France sont mis en valeur par l'Auto et Desgrange, qui voit en eux « l'aristocratie du muscle »13. Ils sont considérés par le public comme des héros « car ils ont su triompher de tous les obstacles de la route, et cela grâce à une simple bicyclette »14, des « soldats du sport » qui « fascinent les milieux populaires »15. Leur héroisme s'accroit à partir de 1910 lorsqu'ils franchissent la haute montagne, qui donne à leurs exploits « une dimension mythologique »16. Si en 1903 quelques « géants de la route » (Maurice Garin, Jean Fisher, Hippolyte Aucouturier, Édouard Wattelier) côtoient une majorité d'inconnus17, le nombre de coureurs professionnels va croissant18.
Le Tour de France 1914 s'achève quelques jours avant que débute la Première Guerre mondiale. L'Auto donne régulièrement des nouvelles des sportifs mobilisés sur le front et annonce la mort de plusieurs coureurs du Tour. Le Luxembourgeois François Faber, vainqueur en 1909, meurt lors de la bataille de l'Artois de mai 1915. Octave Lapize, qui s'est engagé dans l'aviation, est abattu le au-dessus de Verdun. Enfin Lucien Petit-Breton, premier double lauréat du Tour (en 1907 et 1908) meurt le dans un accident automobile à l'arrière du front. Henri Desgranges, qui a espéré organiser le Tour en 1915, s'engage volontairement en 1917 et continue de rédiger des articles pour L'Auto depuis le front. L'armistice est signé le . Dès le 20 novembre, L'Auto publie le parcours du Tour 191919.

1919-1939

Après cinq ans d'interruption, le Tour reprend en 1919. À cette occasion, il finit de former le « chemin de ronde » commencé avant-guerre, en faisant étape à Metz et Strasbourg20. Seuls onze coureurs terminent ce Tour difficile, sur des routes peu entretenues durant le conflit mondialNote 2, remporté par le Belge Firmin Lambot. Eugène Christophe devient le premier coureur à revêtir le maillot jaune.
Les premières éditions d'après-guerre ne rencontrent pas le même succès qu'auparavant. Les quatre succès des Belges de 1919 à 1922, dont Philippe Thys qui devient le premier coureur à gagner trois Tours en 1920, sont certes bien accueillis dans leur pays. L'image du Tour pâtit cependant de ces « champions peu charismatiques » et des entorses au règlement de courses. Bien que Desgrange soit resté intransigeant sur le caractère individuel de la compétition, les victoires doivent beaucoup aux ententes entre coureurs du consortium La Sportive, puis Peugeot en 1922. Le Tour connaît un éphémère regain d'enthousiasme en 1923 avec la victoire d'Henri Pélissier, l'un des coureurs français les plus populaires de l'époque21.
Après la guerre, le comte de Dion cède ses actions de L'Auto à Victor Goddet. À la mort de celui-ci en 1926, son fils aîné Maurice Goddet se voit léguer la majorité des actions du journal. Desgrange reste cependant le patron du Tour. Il prend sous son aile le deuxième fils de Victor Goddet, Jacques, qui suit son premier Tour en 1928 après être entré au journal L'Auto, afin de l'amener à prendre sa succession22.
L'emprise de Desgrange sur la course n'est pas appréciée de tous, et est même une cause de la dégradation de l'image du Tour de France à la fin des années 1920. En 1924, les frères Francis et Henri Pélissier ont abandonné pour protester contre un règlement jugé trop sévère. Ils se livrent au journaliste Albert Londres, qui couvre le Tour pour Le Petit Journal. Il lui décrivent les difficultés et la souffrance des coureurs du Tour de France, « en accentuant le côté dramatique de l'épreuve ». En titrant son article « Les forçats de la route », Londres rend cette expression et l'image qu'elle véhicule durablement populaires et fait découvrir au public une réalité peu connue23. Henri Pélissier poursuit dans sa protestation contre Desgrange et son règlement trop strict en envoyant un courrier à différents journaux. L'Humanité s'en saisit et suit pour la première fois le Tour de France24.
Le Tour de France s'élance pour la première fois hors de la région parisienne en 1926. Il part d'Évian, effectue une boucle similaire à celle des éditions précédentes. Desgrange souhaite ainsi « réduire le temps entre la sortie des Alpes et l'arrivée à Paris. Les promenades en groupe ne signifient rien et finissent par lasser le public ». Ce nouveau parcours, le plus long de l'histoire du Tour (5 745 km), n'a pas l'effet escompté, car un grand nombre d'étapes se terminent par un sprint massif du peloton. Afin d'y remédier, Desgrange invente l'année suivante une nouvelle formule : lors des étapes de plaine, les équipes partent séparément. Les spectateurs ne comprennent pas l'enjeu et le déroulement de cette course. En 1928, il met en œuvre une nouvelle idée : le recomplètement des équipes, qu'il considère désorganisées après les Pyrénées, afin de leur permettre de concurrencer l'équipe Alcyon qui domine la course. Chaque équipe est autorisée à faire appel à trois remplaçants. Six coureurs entrent ainsi en course à Marseille, et font l'objet d'un classement général séparé25. En d'autres occasions, Desgrange renonce à son idéal sportif pour maintenir l'intérêt de la course. Il paie par exemple des coureurs pour qu'ils accélèrent lorsqu'il estime que le peloton est trop lent26. En 1929, le Belge Maurice De Waele, malade, s'impose grâce à l'aide de ses coéquipiers de l'équipe Alcyon. Pour Desgrange, « on fait gagner un cadavre ». Le Tour et son règlement, qui interdit l'entraide, sont définitivement discrédités27.
Henri Desgrange doit repenser le déroulement de sa course. Il bouleverse le mode de participation au Tour de France. Les marques de cycles sont supprimées. Désormais, les coureurs contractent directement avec le Tour et sont regroupés par équipes nationales, L'Auto paye leurs frais et leur fournit un vélo jaune sans marque. Pour cette édition de 1930, cinq équipes nationales sont présentes, regroupant 40 coureurs : l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, la France et l'Italie. Depuis 1928, une partie des touristes-routiers sont groupés en équipes régionales et courent à leurs frais. Desgrange semble favoriser une victoire française. Il parvient certes à convaincre le campionissimo Alfredo Binda, peu enthousiaste, de participer, moyennant une prime de départ, mais refuse la participation de Maurice De Waele et de Costante Girardengo qui, associé à Binda, aurait formé un duo invincible28. L'adhésion à cette formule est générale. Elle suscite un regain d'intérêt du public, enthousiasmé par les victoires de l'équipe de France. Celle-ci projette l'image d'une France unie et s'impose cinq fois de 1930 à 1934, alors qu'Henri Pélissier avait été le seul vainqueur français depuis 1919. De nouvelles sources de revenus sont nécessaires pour organiser ce Tour. C'est dans ce contexte qu'est créée la caravane publicitaire. Son idée originale est attribuée à Marc Thevenin, directeur de la publicité des chocolats Menier, qui lance un véhicule de la marque sur les routes du Tour de France 1928. Accompagné d'autres véhicules, il suit le peloton et distribue des produits au public. La caravane lancée en 1930 est composée de six véhicules qui précèdent la course. Les entreprises y participant payent L'Auto, notamment via des prix et des primes. C'est ainsi qu'est créé un « embryon » de grand prix de la montagne : les chocolats Menier attribuent 5 000 francs au coureur passant le premier au sommet des sept grands cols. En 1931, Desgranges décide d'organiser lui-même cette caravane publicitaire29. Elle s'intègre rapidement dans le Tour de France et se développe. Elle « préfigure […] l'idéal social de la consommation de masse » et transforme de le Tour des années 1930 en « un véritable défilé de véhicules30 ».
Les équipes nationales sont créées dans un contexte de montée des nationalismes en Europe et accroissent les enjeux nationaux et le chauvinisme dans le Tour de France28. Après les cinq victoires françaises de 1930 à 1934, les Belges Romain Maes et Sylvère Maes s'imposent en 1935 et 1936. Afin de contrer l'équipe belge, jugée supérieure aux autres lors des contre-la-montre par équipes, les étapes disputées sous cette forme sont moins nombreuses en 1937. La rivalité entre Belges et Français lors de cette édition se conclut par le retrait de l'équipe belge à la suite de son agression par le public à Bordeaux. Le Belge Sylvère Maes, porteur du maillot jaune, a été pénalisé dans la journée car il a été attendu et aidé par des individuels belges suite à une crevaison31. En Italie, Mussolini suit avec intérêt les succès des champions italiens. Sa participation à un cadeau offert à Ottavio Bottecchia, premier vainqueur italien du Tour en 1924 et 1925, suscite des manifestations antifascistes durant la course. Par crainte de représailles, Bottecchia ne porte pas le maillot jaune lors d'une étapes entre Toulon et Nice. En 1937, Mussolini pousse Gino Bartali à participer au Tour de France, à des fins de propagande pour son régime. Bartali, qui gagne l'épreuve en 1938, n'est cependant pas fasciste et se fait plus connaître pour sa foi catholique, au point d'être surnommé « Gino le pieux » ou « le mystique32 ». Alors que les journaux de la SFIO et du Parti communiste, Le Populaire et L'Humanité, étaient jusque là « peu favorables » au Tour, ils s'y intéressent à partir de 1936, tandis que des grévistes du Front populaire saluent le passage de la course33. La guerre d'Espagne rejaillit également sur le déroulement du Tour. En 1937 et 1938, six coureurs espagnols s'engagent dans la compétition afin d'y représenter la République espagnole, dont Julián Berrendero et Mariano Cañardo, vainqueurs d'étapes dans les Pyrénées en 193734.
Durant cette période, le Tour de France voit sa popularité croitre. Avec le développement de sa couverture médiatique, le Tour de France devient le « pain quotidien médiatique au mois de juillet pour les Français35 ». Alors que dans la décennie précédente, le public se concentre dans les villes et les sommets, le Tour dans les années 1930 attire sur l'ensemble de son parcours une foule importante, qui pourrait représenter la quart de la population d'alors, soit 10 millions de spectateurs36. Ce regain de popularité profite en premier lieu à L'Auto, dont les ventes augmentent et atteignent un maximum en 193337. Durant les années 1930, L'Auto n'est cependant plus seul à profiter du succès du Tour. Après les niveaux records de 1933, les ventes du journal baissent. Toute la presse consacre une ou plusieurs pages au Tour. Le principal concurrent de L'Auto est Paris-Soir, qui s'est développé en publiant des reportages photographiques. Grâce à sa vitesse de parution, Paris-Soir paraît le soir même et relate la course avant L'Auto, qui ne paraît que le lendemain matin. Cet aspect de la concurrence des journaux est à l'origine en 1933 du décalage des arrivées d'étapes, du début à la fin d'après-midi38. En 1929, le journaliste de L'Intransigeant Jean Antoine, avec le soutien de la revue de sport Match, est le premier à réaliser des reportages radiodiffusés en dehors des studios. En 1930, l'ensemble des réseaux de radiodiffusion français retransmettent les quatre émissions quotidiennes. « Radio-course » apparaît en 1936, grâce au développement de la technologie sans fil : une voiture émettrice à l'arrière de la course annonce la position de la course aux spectateurs39. Le Tour de France fait également l'objet de premiers reportages d'actualité filmés en 1931. Leur projection quotidienne à Paris commence en 193240.
Le Tour de France 1939 s'achève un mois avant le début de la guerre. Les tensions sont déjà palpables entre les futurs belligérants : l'Allemagne et l'Italie de Gino Bartali sont ainsi absentes. De la même manière, les conscrits Jean-Marie Goasmat, Pierre Cogan et André Bramard n'obtiennent pas de permissions pour disputer l'épreuve41.

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